L’eczéma : une maladie des enfants allergiques
L’eczéma est une affection de la peau courante chez les jeunes enfants nés au sein d’une famille d’allergiques. Elle touche aujourd’hui 20 % des enfants français contre 3 à 5 % il y a 30 ans. Mais, cette maladie en général bénigne disparaît le plus souvent d’elle-même après quelques années d’évolution.
Certains nourrissons n’ont pas de chance. Car leur corps présente par endroits des plaques rouges, qui entraînent de fortes démangeaisons et sont recouvertes d’une peau épaissie, très sèche avec des squames ou, au contraire, suintante. Ils sont victimes d’eczéma.
Chez les tout-petits, cette allergie cutanée sévit plus volontiers au niveau du visage, souvent au niveau des pommettes. Après 2 ans, on la rencontre préférentiellement au niveau des plis des coudes et des genoux, mais certains enfants souffrent de lésions au niveau des mains, des bras ou sur des zones corporelles plus étendues. Ils se grattent beaucoup, souvent jusqu’au sang, transpirent, et leur vie quotidienne en est altérée. Ce d’autant que les plaques tendent, chez ces enfants prédisposés, à réapparaître au moindre stress. Il n’est donc pas rare que certains de ces jeunes malades tendent à s’isoler des autres enfants et que leurs parents adoptent un comportement protectionniste.
Une probabilité accrue d’être asthmatique
Fort heureusement pour ces petits patients et leur famille, l’eczéma de l’enfant se raréfie après 3-4 ans. Ne persistent en effet à l’âge adulte que les formes les plus sévères de la maladie.
Mais l’eczéma est, en général, observé chez des enfants possédant des antécédents familiaux d’allergie. Pour cette raison, les enfants eczémateux risquent donc par la suite, une fois leurs lésions cutanées guéries, de devenir plus fréquemment que les autres asthmatiques, car cette maladie est elle aussi d’origine allergique. A l’adolescence, ils pourront aussi développer plus souvent que les autres jeunes des rhinites d’origine allergique (rhume des foins…).
A différencier de l’eczéma de contact
Affection de l’enfant à forte composante héréditaire, cet eczéma atopique (atopique veut dire allergique) ne doit pas être confondu avec l’eczéma de contact. Cette autre forme d’eczéma est le plus souvent vue chez des adultes et se manifeste par l’apparition d’une éruption sur la peau après le port de bijoux fantaisie en nickel, l’utilisation de cosmétiques ou de substances comme le formaldéhyde. On retrouve dans les deux maladies un phénomène de sensibilisation à un agent étranger (allergène) mais les mécanismes mis en jeu ne sont pas tout à fait les mêmes.
L’eczéma de l’enfant est une véritable allergie, secondaire à l’emballement de la production de certains anticorps, les immunoglobulines E, en réponse à des allergènes de l’alimentation (lait, oeufs, soja…) ou contenus dans l’atmosphère (pollens, animaux microscopiques comme les acariens, poussière). Certains d’entre eux traversent la barrière cutanée, d’où l’atteinte de la peau.
L’eczéma de contact de l’adulte correspond, lui, plutôt à une réaction locale développée après des contacts répétés de la peau avec une substance sensibilisante. L’aspect de la peau malade est un peu différent : on constate l’apparition au niveau de la zone atteinte de multiples petites vésicules qui contiennent un liquide et peuvent se rompre.
Un traitement souvent décevant
L’eczéma de contact guérit avec la disparition de l’agent en cause. Reste que, dans la pratique, ce geste de bon sens n’est pas toujours simple à réaliser car l’allergène peut être rencontré dans un cadre professionnel.
Dans l’eczéma de l’enfant, on pourra, lorsque l’allergène est connu, tenter de le supprimer, par exemple en modifiant l’alimentation de l’enfant ou en s’attaquant à la source de l’allergie (suppression d’un matelas bourré d’acariens). Mais, là aussi, c’est souvent plus facile à dire qu’à faire ! Une désensibilisation pourra être tentée dans certains cas, mais ces enfants sont souvent sensibles à plusieurs substances ce qui complique cette approche.
Aussi, bien souvent, le traitement visera-t-il seulement à corriger les lésions cutanées, grâce à des crèmes et des huiles de bain améliorant l’hydratation de la peau et éventuellement, sous contrôle médical strict, à l’emploi de corticoïdes sous forme locale. Afin d’empêcher l’apparition de récidives à l’arrêt du traitement, l’arrêt des corticoïdes sera toujours progressif. Il faudra également veiller à éviter les surinfections de la peau, grâce à une bonne hygiène corporelle. Enfin, en cas de trop fortes démangeaisons, l’administration d’un médicament antihistaminique pourra apporter un soulagement.
source:
http://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2000/mag1103/dossier/sa_2871_eczema.htm